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était, en somme, pour la petite fille qui me préférait à Lisette et qui me parlait raison, sentiment et moralité, comme avait fait sa grand’mère.

» Je n’ai pas souvenir de mes dernières années et de ma mort. Je crois que je m’éteignis doucement au milieu des soins et des encouragements. On avait certainement compris que je méritais d’être homme, puisqu’on avait toujours dit qu’il ne me manquait que la parole. J’ignore pourtant si mon esprit franchit d’emblée cet abîme. J’ignore la forme et l’époque de ma renaissance ; je crois pourtant que je n’ai pas recommencé l’existence canine, car celle que je viens de vous raconter me paraît dater d’hier. Les costumes, les habitudes, les idées que je vois aujourd’hui ne diffèrent pas essentiellement de ce que j’ai vu et observé étant chien… »

Le sérieux avec lequel notre voisin avait parlé nous avait forcés de l’écouter avec attention et déférence. Il nous avait étonnés et intéressés. Nous le priâmes de nous raconter quelque autre de ses existences.