Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/78

Cette page n’a pas encore été corrigée

heures entières à lutter contre le flot qui me repoussait. Le jour, il y avait sur le rivage des mouches d’or et d’émeraude qui voltigeaient sur les herbes et que je saisissais avec une merveilleuse adresse, me faisant de cette chasse un jeu folâtre plutôt qu’une satisfaction de voracité. Quelquefois les demoiselles aux ailes bleues m’effleuraient de leur vol. Des plantes admirables semblaient vouloir m’enlacer dans leurs vertes chevelures ; mais la passion du mouvement et de la liberté me reportait toujours vers les eaux libres et rapides. Agir, nager, vite, toujours plus vite, et sans jamais me reposer, ah ! c’était une ivresse ! Je me suis rappelé ce bon temps l’autre jour en me baignant dans votre rivière, et à présent je ne l’oublierai plus !

— Encore, encore, s’écrièrent les enfants, qui écoutaient de toutes leurs oreilles. Avez-vous été grenouille, lézard, papillon ?

— Lézard, je ne sais pas, grenouille probablement, mais papillon, je m’en souviens à merveille. J’étais fleur, une jolie fleur blanche délicatement découpée, probablement une sorte de