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— Si vous voulez lui faire boire du vin, disait la Catiche, vous lui persuaderez tout ce que vous voudrez. C’est un petit innocent qui ne peut me servir à rien et qui prétend vivre tout seul dans la forêt, où il perche depuis un an dans un vieux arbre. Il est aussi leste et aussi adroit qu’un singe, il ne pèse pas plus qu’un chevreau, et vous lui ferez faire les tours les plus difficiles.

— Et vous dites qu’il n’est pas intéressé ? reprit le saltimbanque.

— Non, il ne se soucie pas de l’argent. Vous le nourrirez, et il n’aura pas l’esprit d’en demander davantage.

— Mais il voudra se sauver ?

— Bah ! avec des coups, vous lui en ferez passer l’envie.

— Allez me le chercher, je veux le voir.

— Et vous me donnerez vingt francs ?

— Oui, s’il convient.

La Catiche sortit de la baraque et se trouva face à face avec Emmi, à qui elle fit signe de la suivre.

— Non pas, lui dit-il, j’ai entendu votre mar-