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faisait pas seulement garder. À présent qu’il est mort, tout ça va changer et tu auras beau te cacher comme un rat dans des trous d’arbres, on te mettra la main sur le collet et on te conduira en prison.

— Eh bien, alors, reprit Emmi, pourquoi voulez-vous m’enseigner à voler pour vous ?

— Parce que, quand on sait, on n’est jamais pris. Tu réfléchiras, il se fait tard, et il faut nous lever demain avant le jour pour aller à la foire. Je vais t’arranger un lit sur mon coffre, un bon lit avec une couette et une couverture. Pour la première fois de ta vie, tu dormiras comme un prince.

Emmi n’osa résister. Quand la vieille Catiche ne faisait plus l’idiote, elle avait quelque chose d’effrayant dans le regard et dans la voix. Il se coucha et s’étonna d’abord de se trouver si bien ; mais, au bout d’un instant, il s’étonna de se trouver si mal. Ce gros coussin de plumes l’étouffait, la couverture, le manque d’air libre, la mauvaise odeur de la cuisine et le vin qu’il avait bu, lui donnaient la fièvre. Il se leva tout effaré