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qui servaient de rues, une odeur infecte s’exhalant de toutes les maisons, du linge déchiré séchant sur des buissons souillés par la volaille, des toits de chaume pourri, où poussaient des orties, un air d’abandon cynique, de pauvreté simulée ou volontaire, c’était de quoi soulever de dégoût le cœur d’Emmi, habitué aux verdures vierges et aux bonnes senteurs de la forêt. Il suivit pourtant la vieille Catiche, qui le fit entrer dans sa hutte de terre battue, plus semblable à une étable à porcs qu’à une habitation. L’intérieur était tout différent : les murs étaient garnis de paillassons, et le lit avait matelas et couvertures de bonne laine. Une quantité de provisions de toute sorte : blé, lard, légumes et fruits, tonnes de vin et même bouteilles cachetées. Il y avait de tout, et, dans l’arrière-cour, l’épinette était remplie de grasses volailles et de canards gorgés de pain et de son.

— Tu vois, dit la Catiche à Emmi, que je suis autrement riche que ta tante ; elle me fait l’aumône toutes les semaines, et, si je voulais, je porterais de meilleurs habits que les siens. Veux-tu