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— Voilà, me dit-elle, à l’état fossile, un être que je t’ai montré vivant aux premiers âges de la vie. Qu’est-ce que c’est, à présent ? Du phosphate de chaux. On le réduit en poussière et on en fait de l’engrais pour les terres trop siliceuses. Tu vois, l’homme commence à s’aviser d’une chose, c’est que le seul maître à étudier, c’est la nature.

Elle écrasa sous ses doigts le fossile et en sema la poudre sur le sol cultivé, en disant :

— Ceci rentre dans ma cuisine. Je sème la destruction pour faire pousser le germe. Il en est ainsi de toutes les poussières, qu’elles aient été plantes, animaux ou personnes. Elles sont la mort après avoir été la vie, et cela n’a rien de triste, puisqu’elles recommencent toujours, grâce à moi, à être la vie après avoir été la mort. Adieu. Je veux que tu gardes un souvenir de moi. Tu admires beaucoup ma robe de bal. En voici un petit morceau que tu examineras à loisir.

Tout disparut, et, quand j’ouvris les yeux, je me retrouvai dans mon lit. Le soleil était levé