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moindre vent faisait voltiger autour de sa tête ébouriffée en mèches jaunâtres.

À force d’être persécutée, elle me faisait pitié et je la laissais volontiers se reposer dans mon petit jardin, bien qu’elle abimât beaucoup mes fleurs. Je causais avec elle, mais sans en pouvoir tirer une parole qui eût le sens commun. Elle voulait toucher à tout, disant qu’elle ne faisait que du bien. On me reprochait de la tolérer, et, quand je l’avais laissée s’approcher de moi, on m’envoyait laver et changer, en me menaçant de me donner le nom qu’elle portait.

C’était un vilain nom que je redoutais beaucoup. Elle était si malpropre qu’on prétendait qu’elle couchait dans les balayures des maisons et des rues, et, à cause de cela, on la nommait la fée Poussière.

— Pourquoi donc êtes-vous si poudreuse ? lui dis-je un jour qu’elle voulait m’embrasser.

— Tu es une sotte de me craindre, répondit-elle alors d’un ton railleur : tu m’appartiens, et tu me ressembles plus que tu ne penses. Mais