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possesseur était plus superstitieux que brave, — elle perdit sa vertu, et la tribu, vaincue, dispersée, dut aller chercher en d’autres lieux des établissements nouveaux. Ses mardelles conquises furent occupées par le vainqueur, et des siècles s’écoulèrent sans que le fameux marteau enterré entre deux pierres fût exhumé. On l’oublia si bien, que, le jour où une vieille femme, en poursuivant un rat dans sa cuisine, le retrouva intact, personne ne put lui dire à quoi ce couteau de pierre avait pu servir. L’usage de ces outils s’était perdu. On avait appris à fondre et à façonner le bronze, et, comme ces peuples n’avaient pas d’histoire, ils ne se souvenaient pas des services que le silex leur avait rendus.

Toutefois, la vieille femme trouva le marteau joli et l’essaya pour râper les racines qu’elle mettait dans sa soupe. Elle le trouva commode, bien que le temps et l’humidité l’eussent privé de son beau manche à cordelettes. Il était encore coupant. Elle en fit son couteau de prédilection. Mais, après elle, des enfants voulurent s’en servir et l’ébréchèrent outrageusement.