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mes pleurs et s’en émut. Il m’apparut sous la forme d’un ange radieux et me dit :

» — Tu as connu la pitié, tu as eu pitié de la rose, je veux avoir pitié de toi. Ton père est puissant, mais je le suis plus que lui, car il peut détruire et, moi, je peux créer.

» En parlant ainsi, l’être brillant me toucha et mon corps devint celui d’un bel enfant avec un visage semblable au coloris de la rose. Des ailes de papillon sortirent de mes épaules et je me mis à voltiger avec délices.

» — Reste avec les fleurs, sous le frais abri des forêts, me dit la fée. À présent, ces dômes de verdure te cacheront et te protégeront. Plus tard, quand j’aurai vaincu la rage des éléments, tu pourras parcourir la terre, où tu seras béni par les hommes et chanté par les poètes. — Quant à toi, rose charmante qui, la première as su désarmer la fureur par la beauté, sois le signe de la future réconciliation des forces aujourd’hui ennemies de la nature. Tu seras aussi l’enseignement des races futures, car ces races civilisées voudront faire servir toutes choses à leurs besoins.