Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/127

Cette page n’a pas encore été corrigée

moi, et, posant ses mains sur mon front que ses caresses pétrissaient sans cesse :

» — Voilà ton empire, me dit-il. Oublie les forêts et les jungles, te voici dans un monde d’or et de pierreries !

» C’était alors un monde enchanté en effet. Tout était ruisselant d’or et d’argent, de la base au faîte des mille temples et pagodes qui remplissaient l’espace et se perdaient dans les splendeurs de l’horizon. Le bouddhisme ayant respecté les monuments de l’ancien culte, la diversité était infinie. C’étaient des masses imposantes, les unes trapues, les autres élevées comme des montagnes à pic, des coupoles immenses en forme de cloches, des chapelles surmontées d’un œuf monstrueux, blanc comme la neige, enchâssé dans une base dorée, des toits longs superposés sur des piliers à jour autour desquels se tordaient des dragons étincelants, dont les écailles de verre de toutes couleurs semblaient faites de pierres précieuses ; des pyramides formées d’autres toits laqués d’or vert, bleu, rouge, étagés en diminuant jusqu’au faîte, d’où s’élançait une flèche