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voix fraîches et de volontés molles. Elle remplissait donc instinctivement et sans ostentation son rôle de puissance ; et tant que les chants durèrent, elle imposa naturellement sa domination qu’on sentait nécessaire. Après qu’ils eurent cessé, les choristes lui en firent intérieurement un grief et un crime ; et telle qui, en se sentant faiblir, l’avait interrogée et comme implorée du regard, s’attribua tous les éloges qui furent donnés en masse à l’école du Porpora. À ces éloges, le maître souriait sans rien dire ; mais il regardait Consuelo, et Anzoleto comprenait fort bien.

Après le salut et la bénédiction, les choristes prirent part à une collation friande que leur fit servir le comte dans un des parloirs du couvent. La grille séparait deux grandes tables en forme de demi-lune, mises en regard l’une de l’autre ; une ouverture, mesurée sur la dimension d’un immense pâté, était ménagée au centre du grillage pour faire passer les plats, que le comte présentait lui-même avec grâce aux principales religieuses et aux élèves. Celles-ci, vêtues en béguines, venaient par douzaines s’asseoir alternativement aux places vacantes dans l’intérieur du cloître. La supérieure, assise tout près de la grille, se trouvait ainsi à la droite du comte placé dans la salle extérieure. Mais à la gauche de Zustiniani, une place restait vacante ; Marcello, Porpora, le curé de la paroisse, les principaux prêtres qui avaient officié à la cérémonie, quelques patriciens dilettanti et administrateurs laïques de la Scuola ; enfin le bel Anzoleto, avec son habit noir et l’épée au côté, remplissaient la table des séculiers. Les jeunes chanteuses étaient fort animées ordinairement en pareille occasion ; le plaisir de la gourmandise, celui de converser avec des hommes, l’envie de plaire ou d’être tout au moins remarquées, leur donnaient beaucoup de babil et de vivacité. Mais ce jour-là le goûter fut triste et