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consuelo.

Et elle se mit à refaire sa toilette avec d’autant plus de lenteur qu’elle voulait se dépêcher davantage, et que, dérangée dans ses habitudes régulières comme elle ne l’avait pas été depuis longtemps, elle avait tout à fait perdu la tête. Consuelo, impatiente d’un retard pendant lequel Zdenko pouvait sortir de la chambre d’Albert et se cacher dans le château sans qu’il fût possible de l’y découvrir, retrouva toute son énergie.

« Chère madame, dit-elle en allumant un flambeau, occupez-vous d’appeler ces messieurs ; moi, je vais voir si Zdenko ne nous échappe pas. »

Elle monta précipitamment les deux étages, et ouvrit d’une main courageuse la porte d’Albert qui céda sans résistance ; mais elle trouva la chambre déserte. Elle pénétra dans un cabinet voisin, souleva tous les rideaux, se hasarda même à regarder sous le lit et derrière tous les meubles. Zdenko n’y était plus, et n’y avait laissé aucune trace de son entrée.

« Plus personne ! » dit-elle à la chanoinesse qui venait clopin-clopant, accompagnée de Hanz et du chapelain : le baron était déjà couché et endormi ; il avait été impossible de le réveiller.

« Je commence à craindre, dit le chapelain un peu mécontent de la nouvelle alerte qu’on venait de lui donner, que la signora Porporina ne soit la dupe de ses propres illusions…

— Non, monsieur le chapelain, répondit vivement Consuelo, personne ici n’en a moins que moi.

— Et personne n’a plus de force et de dévouement, c’est la vérité, reprit le bonhomme ; mais dans votre ardente espérance, vous croyez, signora, voir des indices où il n’y en a malheureusement point.

— Mon père, dit la chanoinesse, la Porporina est brave comme un lion, et sage comme un docteur. Si