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matin au soir, entretenait de petites bougies devant l’image de la Vierge, et semblait plus voûtée d’un pied qu’à son ordinaire.

Consuelo se hasarda à proposer une grande et scrupuleuse exploration du Schreckenstein, avoua les recherches qu’elle y avait faites, et confia en particulier à la chanoinesse la circonstance de la feuille de rose, et le soin qu’elle avait mis à examiner toute la nuit le sommet lumineux de la montagne. Mais les dispositions que voulait prendre Wenceslawa pour cette exploration, firent bientôt repentir Consuelo de son épanchement. La chanoinesse voulait qu’on s’assurât de la personne de Zdenko, qu’on l’effrayât par des menaces, qu’on fît armer cinquante hommes de torches et de fusils, enfin que le chapelain prononçât sur la pierre fatale ses plus terribles exorcismes, tandis que le baron, suivi de Hanz, et de ses plus courageux acolytes, ferait en règle, au milieu de la nuit, le siège du Schreckenstein. C’était le vrai moyen de porter Albert à la folie la plus extrême, et peut-être à la fureur, que de lui procurer une surprise de ce genre ; et Consuelo obtint, à force de représentations et de prières, que Wenceslawa n’agirait point et n’entreprendrait rien sans son avis. Or, voici quel parti elle lui proposa en définitive : ce fut de sortir du château la nuit suivante, et d’aller seule avec la chanoinesse, en se faisant suivre à distance de Hanz et du chapelain seulement, examiner de près le feu du Schreckenstein. Mais cette résolution se trouva au-dessus des forces de la chanoinesse. Elle était persuadée que le sabbat officiait sur la pierre d’épouvante, et tout ce que Consuelo put obtenir fut qu’on lui ouvrirait les portes à minuit et que le baron et quelques autres personnes de bonne volonté la suivraient sans armes et dans le plus grand silence. Il fut convenu qu’on cacherait cette ten-