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consuelo.

vous croyez voir cela, vous avez peu de pénétration, et si vous le voyez avec plaisir, vous avez peu d’affection pour moi. Je suis violente, orgueilleuse peut-être, mais non dissimulée. Je vous l’ai dit : la préférence qu’Albert vous accorde m’irrite contre lui, non contre vous. Elle blesse mon amour-propre, mais elle flatte mon espérance et mon penchant. Elle me fait désirer qu’il fasse pour vous quelque bonne folie qui me débarrasse de tout ménagement envers lui, en justifiant cette aversion que j’ai longtemps combattue, et qu’il m’inspire enfin sans mélange de pitié ni d’amour.

— Dieu veuille, répondit Consuelo avec douceur, que ceci soit le langage de la passion, et non celui de la vérité ! car ce serait une vérité bien dure dans la bouche d’une personne bien cruelle ! »

L’aigreur et l’emportement qu’Amélie laissa percer dans cet entretien firent peu d’impression sur l’âme généreuse de Consuelo. Elle ne songeait plus, quelques instants après, qu’à son entreprise ; et ce rêve qu’elle caressait, de ramener Albert à sa famille, jetait une sorte de joie naïve sur la monotonie de ses occupations. Il lui fallait bien cela pour échapper à l’ennui qui la menaçait, et qui, étant la maladie la plus contraire et la plus inconnue jusqu’alors à sa nature active et laborieuse, lui fût devenu mortel. En effet, lorsqu’elle avait donné à son élève indocile et inattentive une longue et fastidieuse leçon, il ne lui restait plus qu’à exercer sa voix et à étudier ses vieux auteurs. Mais cette consolation, qui ne lui avait jamais manqué, lui était opiniâtrement disputée. Amélie, avec son oisiveté inquiète, venait à chaque instant la troubler et l’interrompre par de puériles questions ou des observations hors de propos. Le reste de la famille était affreusement morne. Déjà cinq mortels jours s’étaient écoulés sans que le jeune comte