baiser la main du comte, à la manière du pays.
— Voici en effet un beau garçon, dit le professeur en lui donnant une petite tape sur la joue. Mais il me paraît occupé à des amusements bien puérils pour son âge : car enfin il a bien dix-huit ans, n’est-ce pas ?
— Dix-neuf bientôt, sior profesor, répondit Anzoleto dans le dialecte vénitien ; mais si je m’amuse avec des coquilles, c’est pour aider la petite Consuelo qui fabrique des colliers.
— Consuelo, répondit le maître en se rapprochant de son élève avec le comte et Anzoleto, je ne croyais pas que tu eusses le goût de la parure.
— Oh ! ce n’est pas pour moi, monsieur le professeur, répondit Consuelo en se levant à demi avec précaution pour ne pas faire tomber dans l’eau les coquilles entassées dans son tablier ; c’est pour le vendre, et pour acheter du riz et du maïs.
— Elle est pauvre, et elle nourrit sa mère, dit le Porpora. Écoute, Consuelo : quand vous êtes dans l’embarras, ta mère et toi, il faut venir me trouver ; mais je te défends de mendier, entends-tu bien ?
— Oh ! vous n’avez que faire de le lui défendre, sior profesor, répondit vivement Anzoleto ; elle ne le ferait pas ; et puis, moi, je l’en empêcherais.
— Mais toi, tu n’as rien ? dit le comte.
— Rien que vos bontés, seigneur illustrissime ; mais nous partageons, la petite et moi.
— Elle donc ta parente ?
— Non, c’est une étrangère, c’est Consuelo.
— Consuelo ? quel nom bizarre ! dit le comte.
— Un beau nom, illustrissime, reprit Anzoleto ; cela veut dire consolation.
— À la bonne heure. Elle est ton amie, à ce qu’il me semble ?