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consuelo.

en pensant qu’elle va habiter sans doute un beau palais sur le Canalazzo, à présent qu’elle est riche et grande dame ! Moi, j’avais toujours dit qu’elle ferait fortune avec sa voix. Elle travaillait tant ! Et à quand la noce, Anzoleto ? J’espère que tu m’achèteras quelque chose pour faire de petits présents aux jeunes filles du quartier.

— Oui, oui ! répondit Anzoleto tout égaré. »

Il s’enfuit la mort dans l’âme, et vit dans la cour toutes les commères de l’endroit qui mettaient à l’enchère le lit et la table de Consuelo ; ce lit où il l’avait vue dormir, cette table où il l’avait vue travailler !

« Ô mon Dieu ! déjà plus rien d’elle ! » s’écria-t-il involontairement en se tordant les mains.

Il eut envie d’aller poignarder la Corilla.

Au bout de trois jours il remonta sur le théâtre avec la Corilla. Tous deux furent outrageusement sifflés, et on fut obligé de baisser le rideau sans pouvoir achever la pièce : Anzoleto était furieux, et la Corilla impassible.

« Voilà ce que me vaut ta protection », lui dit-il d’un ton menaçant dès qu’il se retrouva seul avec elle.

La prima-donna lui répondit avec beaucoup de tranquillité :

« Tu t’affectes de peu, mon pauvre enfant ; on voit que tu ne connais guère le public et que tu n’as jamais affronté ses caprices. J’étais si bien préparée à l’échec de ce soir, que je ne m’étais pas donné la peine de repasser mon rôle : et si je ne t’ai pas annoncé ce qui devait arriver, c’est parce que je savais bien que tu n’aurais pas le courage d’entrer en scène avec la certitude d’être sifflé. Maintenant il faut que tu saches ce qui nous attend encore. La prochaine fois nous serons maltraités de plus belle. Trois, quatre, six, huit représentations peut-être, se passeront ainsi ; mais durant ces orages une opposition se manifestera en notre faveur. Fussions-nous les