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s’étonna de l’animation de ma physionomie, et, tout ce jour-là, il me regarda d’un air inquiet.

« — Qu’est-ce que vous avez donc ? me dit-il quand nous fûmes seuls.

« — Je ne sais pas, répondis-je.

« — Mais moi, je voudrais le savoir. Tâchez d’expliquer ça !

« — Expliquer quoi ?

« — Une gaucherie que je n’avais pas encore remarquée chez vous : des yeux humides, des frissons de fièvre, des éclats de rire forcés, et tout à coup une rêverie accablée. Êtes-vous souffrante ? vous ennuyez-vous ?

« — Laissez-moi chercher, lui répondis-je. Et quand j’eus un peu rêvé, les pieds allongés sur un coussin, les cheveux dénoués, et mes épaules de seize ans nues sous ses yeux tranquilles ; — je crois que j’ai trouvé, lui dis-je ; du moins, je ne trouve que ça : Je vous aime !

« Toute mon âme, tout mon être, toute ma vie étaient dans ce mot !…

« Le duc trouva le mot charmant. Il me baisa les mains en déclarant que j’étais une ravissante personne.

« — Et vous ? m’aimez-vous ? lui demandai-je avec un peu d’inquiétude.

« Il ne répondit pas ; cette fois, le mot lui paraissait dangereux ou ridicule. Il me fit de jolies phrases et de gracieuses caresses. L’effroi entra dans mon cœur, et je ne pus dormir.