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nement la complice de son maître, et je craignais réellement qu’elle n’eût l’idée de m’empoisonner, soit par l’ordre de celui-ci, soit de son propre chef, pour ensevelir avec moi un secret qui n’était peut-être pas sans précédents du même genre.

« Aussi je refusai de manger et de boire quoi que ce soit à l’heure du déjeuner. Je sortis dans le jardin en lui disant que j’allais rentrer et en lui ordonnant de me faire du café.

« Je me glissai alors vers la petite porte de l’enclos ; mais je la trouvai fermée à double tour, et, revenant sur mes pas, je remarquai que le jardinier, sans en avoir l’air, veillait sur l’issue principale. J’étais donc gardée à vue, les murs et les fossés de l’enclos étaient difficiles à escalader ou à franchir, et j’étais si affaiblie que je ne pouvais plus compter sur mes forces de montagnarde sauvage.

« Je résolus d’attendre la nuit, et je passai la journée à travailler avec une apparente assiduité. Je fis encore un tour de promenade au soleil couchant. Je pris congé de mes fleurs, de mes oiseaux, de toutes ces choses pures que j’avais appris à aimer, et qui étaient aussi innocentes de ma honte qu’indifférentes à ma douleur.

« Quand tout fut bien sombre, je me glissai de nouveau au fond du petit parc, et j’y trouvai le jardinier bossu qui faisait bonne garde, tandis que la Rita préparait dans la maison un certain mets que j’avais paru désirer, afin de lui rendre la confiance. Ce jardinier