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était vrai, et le comte était sincère. Seulement, peu à peu, par la suite, involontairement sans doute, et par la force des choses…

— Oui, oui, reprit la Mozzelli, vous croyez qu’un jour vint, où l’amour surprit les sens du vieillard et où il me fit payer ses bienfaits par d’outrageantes propositions ?


— Ou bien, reprit la duchesse, il était habile et vous donnait confiance, voulant vous persuader et non vous surprendre. C’est perfide, mais il y a des perfidies ingénieuses et délicates.

— Vous n’y êtes pas, reprit la cantatrice. C’est pire que tout ce que vous pouvez imaginer. À cause de Constance qui est là, m’écoutant avec ses grands yeux étonnés, je raconterai vite et peu. Vous devinerez.

« Une seule chose troublait mon bonheur. C’était une sensible altération de ma santé. Des migraines d’abord assez bénignes, et peu à peu, de plus en plus douloureuses, me jetaient chaque semaine dans un accablement étrange. J’éprouvais ensuite une fatigue morale et physique que toute ma volonté n’eût pu secouer si je n’eusse pris beaucoup de café noir pour retrouver ma lucidité, car je voulais profiter de mes leçons et apprendre à tout prix, dussé-je en mourir.

« Ces alternatives de langueur et d’excitations fébriles me dévoraient. Jusque-là, je n’avais su ce que c’était que la souffrance ou seulement le malaise. J’attribuais ce dérangement subit à l’émotion imprévue de mes premiers chagrins, et ensuite à l’immense