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nais plus depuis que j’en comprenais la gravité.

« Mais il me rassurait avec une bonté charmante. — N’y pensez pas, je vous le défends, me disait-il ; oubliez cela comme un mauvais rêve. Dieu pardonne à ceux qui ne savent pas ce qu’ils font. C’est à présent que vous pourriez devenir coupable ; mais il y a six mois vous n’existiez réellement pas. Pardonnez-vous donc aussi à vous-même les malheurs passés. Pour moi, je ne vous en parle jamais, je n’y pense pas, et il me semble que vous êtes aussi pure qu’un petit enfant.

« Ces généreuses consolations me guérissaient par enchantement. Il me semblait qu’elles faisaient rentrer la virginité dans mon cœur. Je m’abandonnais aux joies senties d’une innocence dont je savais maintenant le prix. Aucun désir de changer d’existence, aucun besoin d’amour, aucun souvenir de ma vie agitée et ardente, aucun regret de l’affection brisée. J’avais perdu un amant et j’avais conquis la vertu ! Certes, j’avais gagné au change : et la vertu si facile, si aimable dans des conditions de sécurité si touchantes et si profondes ! J’aimais le comte littéralement comme un ange gardien, comme un être sacré, comme un père ! « Eh bien ! voyez si je n’aurais pas le droit d’être un esprit révolté, un démon, un ange de ténèbres, à l’heure qu’il est ! Tout ce bonheur, toute cette chasteté étaient un effroyable mensonge, une imposture à faire rougir le ciel ! »

— Bah ! vous exagérez ! dit la duchesse. Tout cela