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cul, et quand il comprit que je l’avais réellement aimé, il parut m’aimer à son tour, et il me consola en jurant qu’il ne me quitterait pas. Je crus encore en lui et même plus qu’auparavant. Il y a eu un malentendu entre nous, me disais-je. Il s’est imaginé que je ne l’avais suivi que pour être riche. — Et comme j’étais franche, je lui avais confessé imprudemment que, s’il eût été pauvre, je n’aurais pas voulu changer de misère en ajoutant la mienne à la sienne. Mais, en devenant sa compagne, j’avais senti l’amour dans toute sa plénitude, et il n’avait pas compris, lui, que mon cœur était plein du besoin et de la puissance d’aimer. Il m’avait crue cupide et stupide, capable enfin de le quitter pour un peu plus de cadeaux et de luxe. À présent qu’il voyait mon désespoir et mon dédain pour les secours qu’il m’avait offerts, il devait m’aimer autrement.

« Il me jura que je ne me trompais pas, qu’il en était ainsi, qu’il se sentait éperdument amoureux de moi, que toutes ses cousines pouvaient l’attendre et tous ses parents le maudire.

« Nous passâmes encore un mois à nous adorer. Il était beau, il ne manquait pas d’esprit, et son caractère était aimable ; à présent que j’ai traversé le monde et vu des hommes de toutes les conditions, je me rends compte de la vulgarité de ses sentiments et de ses manières ; mais je n’étais pas capable d’en juger dans ce temps-là, et je l’aimais avec une admiration sans bornes.