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— C’est pour cette sincérité que je l’aime, répondit Constance.

— Seulement, dit la duchesse, elle a quelque chose de désespérant. C’est que, plus elle est franche, moins on la comprend. C’est le contraire de vous, qui ne vous livrez pas et que l’on pénètre à première vue.

— À première vue ? reprit Constance avec un peu de malice, je croyais que vous y aviez regardé à deux fois, ici, avant d’être bien fixée sur mon compte.

— Que voulez-vous ? le calme, à votre âge, est chose si rare et si extraordinaire ! Mais je suis bien fixée maintenant : sage comme les sages de la Grèce !…

— Pour cause de froideur dans les sentiments ? répliqua Constance avec un sourire de résignation un peu ironique.

— Oh ! oui-da ! vous protestez intérieurement ? s’écria la duchesse à qui rien n’échappait.

— Non, non, je ne proteste pas ! répondit Constance. Et elle espéra changer de conversation en changeant de place. Elle emmena ses compagnes prendre le café au salon.

Mais quand même la duchesse n’eût pas senti sa curiosité et sa méfiance se réveiller, de quoi parlent et de quoi peuvent parler trois femmes réunies ? Belles ou laides, jeunes ou vieilles, riches ou pauvres, il faut toujours qu’à propos de soi-même ou des autres, ouvertement ou à mots couverts, comme c’était ici le cas, il soit question d’amour.