Page:Sand - Constance Verrier.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée

ment sous un regard moins tendrement croyant que celui de la Sofia.

Madame d’Évereux voulut tout voir, le choix des peintures et les sujets placés dans le meilleur jour, qu’elle supposait être les sujets favoris, des indices, par conséquent, d’une préoccupation secrète ou affectée ; la chambre à coucher, dont elle remarqua la proximité avec celle de la tante et la simplicité austère ; le cabinet de travail, le salon de musique, les fleurs du jardin, la disposition des allées et le mur de clôture. Ayant tout regardé et commenté intérieurement, elle se crut sûre de son fait et revint à sa tranquillité naturelle.

La salle à manger était fort belle, mais très-ombragée par le voisinage des grands tilleuls du jardin. En plein printemps, on y dînait aux lumières. Les trois femmes furent servies avec luxe et friandise. La duchesse remarqua pourtant que son hôtesse mangeait d’un bon appétit, mais sans aucune sensualité.

La duchesse aimait les épices, les excitants de la circulation, et la Mozzelli les spiritueux, les excitants de l’imagination. Le dîner fut très-gai. La cantatrice ne mit point d’eau dans le vin de Champagne frappé, et se désespéra de n’être pas du tout grise. La duchesse lui reprocha aussi de ne pas déraisonner un peu.

— J’espérais, lui dit-elle, que nous vous verrions étincelante d’esprit, et vous n’êtes que sentimentale, comme à votre habitude. Ce n’est pas la peine de nous prêter à une orgie, nous qui n’en avons pas les facultés,