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Le surlendemain arrivé, elle prit une voiture de remise et se rendit, incognito, au fond du faubourg Saint-Germain, où Constance habitait une de ces vieilles, grandes et belles maisons comme on n’en fait plus. Cette maison était louée entièrement, sauf un vaste pavillon occupé par elle au fond du jardin. C’était une demeure tranquille et retirée, un peu sombre et d’aspect sévère. De beaux vieux meubles et de bons tableaux d’anciens maîtres en faisaient le principal luxe. Constance n’avait rien changé à l’arrangement et à l’ornementation créés par son père. Tout y était d’un goût pur ; aucun colifichet, un confortable réel, rien qui annonçât les voluptés de l’indolence.

La duchesse apportait sa loge à l’Opéra, et la mettait, ainsi que sa voiture, à la disposition de la vieille mademoiselle Verrier. Mais ce moyen de l’écarter fut un luxe superflu ; la douairière avait été soigner sa vieille amie malade : elle ne devait rentrer qu’à minuit.

La Mozzelli arriva bientôt. Constance ne voulait pas condamner ses amies à subir l’exhibition de son modeste intérieur. Elle prenait en bonne part l’espèce de religion exaltée avec laquelle la cantatrice pénétrait dans ce qu’elle appelait un sanctuaire ; mais elle était un peu gênée par la curiosité toute féminine de madame d’Évereux. Quelque art que celle-ci mît à la dissimuler, Constance, qui était pénétrante par instinct autant qu’elle était confiante par loyauté, se sentait vague-