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Raoul emmena sa femme à la campagne, où elle désirait passer l’hiver dans ses terres, et où il sentait bien qu’elle avait besoin de se retrancher contre les prévenances de la duchesse et le retour possible de la Mozzelli. Ils ne reparurent à Paris qu’au bout de deux ans. Constance était alors éblouissante de fraîcheur et de beauté, et la bonne Cécile berçait une petite fille toute rose qu’elle s’imaginait avoir mise au monde.

Constance, alors, écrivit à la Mozzelli :

« Soyez heureuse, chère amie, car je le suis, et je vous aime. »

Elle ne la revit pourtant pas, et s’éloigna doucement de la duchesse, qui n’insista qu’autant qu’il le fallait pour sauver les apparences.

Constance est heureuse en effet ; son mari a souffert plus longtemps qu’elle. Pendant longtemps, au milieu des plus ardents transports de sa reconnaissance pour elle, il a senti l’aiguillon du remords, et cette comparaison qu’elle avait tant redoutée s’établissait tellement à son avantage dans la pensée de Raoul, qu’elle eût béni la faute de celui-ci, si elle n’eût été jalouse que par vanité. Mais ce n’est point là la jalousie des belles âmes ; elles sont humbles et un peu craintives. Il est dangereux de les froisser, et Raoul avait été bien près de voir celle de Constance se briser sans retour dans la nuit du meurtre.



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