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entendu ; je suis forte à présent, je suis calme. Mais attends… ce que tu veux me dire, je le sais ! Écoute-moi, d’abord. Écoute-moi aussi, tante chérie. J’ai à me confesser !

« Je me suis crue une femme forte. J’ai pris mes bonnes croyances et mes sincères aspirations pour des facultés qui étaient en moi. Je vois que je ne suis qu’une pauvre fille nerveuse et impressionnable en qui l’esprit parle, veut et ne triomphe pas. Abel ! je t’aime pourtant de toute mon âme ! voilà qui est aussi vrai que le serment de fidélité que je t’ai fait hier devant Dieu et devant les hommes… mais… »

— Mais ce serment sincère t’a abusé toi-même, dit Raoul en l’interrompant. Tu as cru m’aimer de toute ton âme, tu le crois encore, puisque tu le dis ; mais cela n’est pas, quelque chose de plus fort que toi s’y oppose : c’est le souvenir, qui te revient plus terrible, au moment où tu crois l’avoir chassé !

— Eh bien, oui, c’est cela, dit Constance en se jetant dans ses bras et en fondant en larmes. Frère ! pardonne-moi ; je ne doute pas de l’avenir, je t’estime, je suis, sûre de toi ! Mon cœur n’est pour rien dans cette peur que j’ai maintenant de tes caresses ; il t’appartient, rien ne le blesse ni ne le décourage quand il s’agit de toi ; et il est encore à toi si entier et si soumis, que je n’ai pas d’autre volonté que la tienne. Mais que veux-tu ! j’étais venue avec toi dans cette chambre, et je me suis sentie mourir ; non, quelque chose de pis ! je crois que j’ai eu des visions, le délire, et j’ai peur, à présent, si je ne m’accorde pas un peu