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et qu’on n’attendait qu’elle. La tante accourait, impatiente de quitter la maison et le pays. Constance se hâta d’en sortir pour leur complaire, mais il lui sembla qu’elle eût été plus contente d’y rester seule à jamais.

Le mouvement du voyage dissipa vite ces impressions d’une volupté sinistre. Raoul était admirable de soins et de dévouement. Et puis, il n’avait pas le bonheur insolent d’un triomphateur : il était mélancolique, le plus souvent, comme on l’est dans les joies sérieuses, et c’était Constance qui s’efforçait de le rendre gai, quand elle croyait voir sa rêverie tourner à l’inquiétude et à la tristesse. La première réinstallation à Paris fut encore un sujet de distraction et de mouvement pour Constance. Ses amies vinrent la féliciter de sa guérison et de son mariage. Tous aimaient et estimaient Raoul dans le passé et l’admiraient dans le présent, pour son intelligence, son courage, sa fidélité. Il avait fait fortune sans oublier l’amour : c’est rare.

— Vous serez la plus heureuse des femmes, lui disait-on : riche, belle, aimée, que peut-on souhaiter de plus ? Vous méritiez bien d’être comblée par la Providence ; mais convenez qu’elle ne vous épargne pas les fleurs de la couronne !

Constance souriait, remerciait et croyait.

Mais, dès qu’elle était seule, elle éprouvait comme un froid qui lui serrait les dents. — J’ai peur de retomber malade, disait-elle à sa tante. Pourtant je dors, je mange, je ne souffre pas !