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l’on voyait, et on leur annonça le prochain mariage.

Au moment du départ, Constance, profitant d’un moment de solitude, se glissa sous le berceau de rosiers et s’assit sur le banc. Elle y resta pensive quelques instants, regardant la mer. Elle se sentait guérie, et elle se disait, comme autrefois la Sofia sur le lac de Garde : La vie est bonne et la tombe est morne. Mais, en repassant dans sa mémoire les circonstances de la nuit du meurtre, elle sentit au cœur une violente douleur physique, comme si elle recevait un coup de rasoir.

— Ce que c’est que l’imagination ! pensa-t-elle ; c’est une magie, mais souvent une magie noire, et il faudra s’en méfier.

Elle s’y abandonna pourtant comme à une jouissance cruelle qu’il lui plaisait de savourer pour la dernière fois ; elle se retraça très-vivement l’instant qu’elle avait raconté à sa tante, et où, prête à tomber anéantie, elle avait éprouvé une rapide sensation de bien-être extraordinaire, et elle pensa malgré elle : Eh bien, si la vie est bonne, la mort est bonne aussi… meilleure peut-être ! — Mais il ne faut pas penser à ça.

Elle se leva et cueillit, auprès du banc, un bouquet de sauge fleurie qu’elle arrangea en couronne et alla poser sur la tête de la Polymnie du salon. C’était comme un adieu et un souvenir laissé à la Mozzelli.

— Pauvre Sofia ! se disait-elle, elle est peut-être encore plus malheureuse que moi ! Elle ne peut pas pardonner.

Raoul vint lui dire que les chevaux étaient prêts