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rendre une visite d’adieu à madame Ortolani. Elle allait passer quelques mois en Angleterre, où la crainte d’une révolution en France lui avait fait placer une partie de sa fortune.

Madame Ortolani était sortie, mais elle devait rentrer dans un quart d’heure, et son petit salon était ouvert. La Mozzelli, qui l’attendait, fredonnait devant le piano. La duchesse s’assit devant le feu, et la cantatrice vint l’y rejoindre.

— Eh bien ! ma chère petite, lui dit madame d’Évereux, j’ai échoué tout à fait pour votre engagement à Paris, mais je vous sais engagée à Londres, et je me réjouis d’y aller, puisque je vous entendrai enfin sur la scène.

— Vous allez à Londres, madame la duchesse ? s’écria Sofia avec effusion. Oh ! en ce cas, je n’ai aucun regret de quitter Paris !

— Ne nous dissimulons pas l’une à l’autre, reprit la duchesse, que, toutes deux, nous regretterons là cette charmante maison Ortolani, unique peut-être à Paris, et sans aucun analogue, que je sache, en Angleterre. Je m’étais habituée à cette liberté de l’âme qu’on respire dans ces petits salons, et une des personnes que je regretterai le plus, — en cela, je suis d’accord avec vous, j’en suis sûre, — c’est la belle et bonne Constance Verrier.

— La Costanza ! dit la cantatrice en soupirant, c’est comme un ange qui aura passé dans ma vie ! Je ne sais pas pourquoi je pense à elle à toute heure, comme si