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rissait à vue d’œil quand on la laissait à ses propres méditations. Il devenait évident que personne ne pouvait la consoler, et qu’elle craignait qu’on ne l’essayât sans autre effet que de la faire souffrir encore plus. L’initiative ne pouvait plus venir que d’elle seule. Elle le disait à sa tante, elle le faisait entendre à Raoul. Elle avait un grand parti à prendre. Il lui fallait pour cela toute sa santé morale et physique. — Attendez-moi, disait-elle. Bientôt, le plus tôt possible, je saurai ce que je peux obtenir de moi-même ; je me raisonne et je prie ! Ah ! je ne perds pas mon temps, allez ! je ne me ménage pas !

Raoul était douloureusement humilié du rôle passif qui lui était imposé, à lui, homme d’action et de volonté. Quand il ouvrait la bouche pour dire un mot, la tante attachait sur lui des yeux inquiets, ou invoquait les recommandations du médecin, ou encore brisait la conversation à la moindre apparence d’entraînement ; et s’il s’en plaignait à elle dans le tête-à-tête, elle lui répondait avec amertume :

— Tu ne la trouves pas assez morte, tu veux l’achever, n’est-ce pas ?

Cette situation était intolérable pour lui. Il avait compté jusqu’au bout sur ses forces, sur sa parole nette, sincère et persuasive, sur son infatigable dévouement, sur l’assiduité de ses soins délicats et sur sa propre foi en lui-même. Il avait cru pouvoir réparer ou effacer tout, il se voyait paralysé. Cécile était là comme un gardien jaloux de sa nièce, ne permettant pas même qu’un verre d’eau lui fût présenté par