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peu de jours après ; puis le lundi suivant, en grande réunion, et ensuite fréquemment durant tout l’hiver, trouvant toujours du plaisir à se lier davantage. Constance accompagna souvent Sofia, et même elle consentit à faire une partie dans les morceaux d’ensemble. Elle avait une très-belle voix, toujours juste et sûre, et chantait sans regarder personne autour d’elle, les yeux sur son cahier, calme, dans une sorte de recueillement religieux. Madame Ortolani raffolait de cette obligeante et affable nature, qui inspirait à la fois la confiance et le respect. La Mozzelli en était enthousiasmée, et la duchesse regardait en philosophe bienveillant le contraste de ces deux types opposés, qui trouvaient dans l’amour de l’art un point de contact inattendu. La duchesse était une personne discrète et sans effusion, mais naturellement bonne, rarement jalouse des autres femmes, d’intelligence curieuse et chercheuse, étudiant avec calme le cœur humain autour d’elle. C’était là son goût et sa principale occupation ; quand elle rentrait chez elle, elle écrivait ce qui l’avait frappée et tâchait de résoudre, par le raisonnement, les problèmes qui avaient posé devant elle. Elle avait le style coulant, incorrect et souvent un peu vague des femmes d’esprit de l’ancien monde ; mais c’était gracieux, facile, souvent agréable, parfois incisif, généralement bienveillant et impartial. Elle jugeait bien tout ce qui n’était point la passion. Là, sa pénétration s’arrêtait, sa logique se trouvant tout à fait déroutée.

Un matin, vers la fin de l’hiver, la duchesse vint