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cée, une confiance aveugle qu’un ferme appel à sa loyauté ; mais il reconnaissait maintenant que la confiance d’une femme comme Constance n’avait rien de puéril, et qu’en la lui restituant malgré ce qu’elle savait ou pressentait du passé, elle faisait plus pour lui qu’il ne pourrait jamais faire pour elle.

Constance parut être heureuse du retour d’Abel, de la fin de ses fatigues et de ses travaux ; elle lui fit mille questions affectueuses sur lui-même, sans qu’aucune portât sur la plaie secrète. Néanmoins, à chaque instant, il se croyait interrogé sur ce point et s’effrayait. Puis tout aussitôt il s’affligeait de s’être trompé. Il y avait entre eux une muraille, une montagne, une mer. Constance avait été cent fois plus tendre et plus abandonnée dans ses lettres qu’elle ne l’était auprès de lui. Il ne retrouvait même plus l’expansion, l’attendrissement, le regard et l’accent du passé.

Il demanda en tremblant s’il lui était permis de revenir le lendemain.

— Sans doute, répondit Constance, demain et toujours.

Le mariage ne semblait donc pas avoir été, un seul instant, remis en question. Raoul commença à croire fermement que la duchesse ne s’était pas trompée, et que les souvenirs de Constance étaient si vagues qu’elle-même les prenait pour des rêves. Les jours suivants, elle lui témoigna la même amitié ; mais il semblait que son état de langueur lui eût fait oublier le langage et jusqu’au nom de l’amour. Raoul n’osait s’en