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bras, il tomba aux pieds de sa victime ; Constance, moins forte qu’elle ne l’avait espéré, fondit en larmes, cacha sa figure dans son mouchoir, et reparut pâle, profondément éprouvée par la souffrance. Elle était ainsi plus belle qu’aux premiers jours de la jeunesse ; il y avait en elle cette étonnante majesté de type que le génie de la renaissance n’a pas su imprimer à ses madones trop italiennes ; on sentait qu’en elle la candeur avait reçu, au lieu du baiser de l’amour, la couronne du martyre.

Quand elle put parler, elle ne songea qu’à rassurer Raoul sur la maladie qu’elle appelait une indisposition, et dont il était censé ignorer la gravité ; mais elle ne se rappela pas que, dans les derniers temps de leur correspondance, elle avait consenti à le tutoyer, et Raoul n’osa se plaindre de cet oubli.

Raoul eût voulu, dès le premier jour, vider bravement le fond de la coupe d’amertume ; mais il sentait bien que ce serait trop risquer pour la santé de Constance. Il devait éviter une trop prompte explication, et fatalement cette explication arrivait aux lèvres à chaque instant et à propos de tout, en dépit des efforts que l’on faisait, de part et d’autre, pour l’éloigner. Ainsi, dès les premiers mots qu’il adressa à Constance sur son état présent, elle lui fit des réponses évasives qui l’affligèrent. — Oui ! vous vous prétendez guérie, lui dit-il, et je crains que vous ne vouliez me tromper pour me tranquilliser.

— Vous tromper, moi ! répondit Constance que ce