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la force de vous parler, vous verrez du moins Julie.

— Elle vous a embrassée aussi, vous ? dit la Mozzelli.

— Eh bien, pourquoi donc pas ? répondit la duchesse, qui ne se départait pas de sa prétendue innocence quand elle n’était pas seule avec Raoul ; la tante m’a serré la main en me disant que Constance savait combien je m’étais occupée d’elle. Allons ! de quoi vous tourmentez-vous, à présent ? Nous n’étions épouvantés qu’à cause d’un nom qui m’était échappé, au moment où monsieur est entré ici. Mais ce nom, elle ne l’avait pas entendu, puisqu’elle m’a répondu, le plus naturellement du monde, que cela lui était fort indifférent. Admettons qu’elle l’ait entendu ou qu’elle ait cru l’entendre, et qu’elle soit tombée évanouie un instant après à cause de cela ; il est certain alors qu’elle l’a oublié, ou qu’elle croit avoir eu une hallucination, car elle a, tout à l’heure, demandé à sa tante, devant moi : Avez-vous reçu une lettre d’Abel, depuis que je suis là sans me souvenir de rien ? La tante a répondu négativement, et Constance a ajouté : N’était-ce pas aujourd’hui qu’il devait arriver ? Sa tante l’a trompée sur le nombre de jours qu’a duré sa maladie, et elle a paru se tranquilliser complètement.

« Vous voyez donc bien, monsieur Mahoult, qu’il faut vous en aller, attendre qu’on vous avertisse, et faire semblant d’arriver de Paris le jour où l’on trouvera Constance assez forte pour être heureuse.

— Heureuse ! s’écria Raoul. Elle pourrait être encore heureuse ! Ah ! madame la duchesse, si vous me