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— Constance était si faible qu’elle ne vous a pas reconnu, reprit la duchesse. En ce moment encore, vous pourriez peut-être lui parler sans qu’elle vous entendît. Elle est encore presque sourde et presque aveugle. Je m’en suis assurée, sa tante me l’a dit tout bas. Le médecin assure que cela doit être ainsi, car on ne combat pas un mal grave sans des remèdes énergiques, mais que ce n’est plus inquiétant, et qu’il ne faut pas lui laisser faire le plus léger effort pour devancer le secours de la nature. Ce qu’il faut à présent, c’est la laisser tranquille. Partez, Sofia ; moi, je rentre chez moi, et je laisse ma fille qu’on désire garder encore auprès de Constance pendant un jour ou deux. Vous, monsieur Mahoult, vous allez retourner à l’hôtel et ne pas remettre les pieds ici pendant le reste de la semaine. Mademoiselle Cécile Verrier l’exige. Elle ne veut même pas que vous veniez vous informer à la porte de la maison. Elle dit avec raison que, d’un moment à l’autre, Constance peut recouvrer l’ouïe, reconnaître votre voix, et que la joie de vous revoir peut la tuer.

— La joie ? s’écria Raoul, elle a dit ce mot-là ? Cécile Verrier ne sait pas mentir ; l’a-t-elle dit sans amertume et sans effort ?

— Elle l’a dit sérieusement comme je vous le répète, reprit madame d’Évereux, et je suis revenue auprès du lit de Constance, pour lui demander si elle voulait que je revinsse la voir demain. Elle m’a embrassée en me disant : Oui, revenez ; si je n’ai pas encore