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rir… je lui appartiens, et je n’obéis qu’à une seule personne au monde qui est elle !

Comme cette effusion inquiétait la tante, Constance fit un effort pour la rassurer.

— Elle est toujours exaltée, lui dit-elle en souriant à la Mozzelli avec une ineffable douceur ; c’est qu’elle est si aimante ! elle pense tout ce qu’elle dit. Adieu, chère enfant, ajouta-t-elle en se penchant vers la cantatrice ; embrassez-moi, et revenez bientôt !

La Mozzelli sentit la sublime sincérité du baiser de Constance, Elle se hâta de sortir pour ne pas lui montrer tout l’attendrissement qui l’étouffait, et courut se cacher sous le berceau de roses, où elle tordit ses mains en se jetant à genoux, à la place où Constance avait été trouvée presque morte, quatre jours auparavant.

Raoul était assis, morne et inquiet, à une autre place du petit jardin. Ce parterre de fleurs et de feuillage lui était devenu odieux. Que de fois, le jour et la nuit, il l’avait foulé dans tous les sens, depuis une centaine de mortelles heures ! Mais quelque agité qu’il pût être, il n’était jamais rentré sous le berceau qui lui rappelait le moment le plus atroce de sa vie : celui où il avait cru, en soulevant Constance, relever un cadavre. Quand ses pas sans but l’y portaient, un instinct de terreur l’en éloignait au plus vite. Il y avait eu une nuit où Constance paraissait au plus mal : il avait cru la voir assise sur ce banc, lui faisant signe de ne pas approcher, et il avait couru au salon,