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— Moi, répondit Raoul, choqué de la sécheresse des paroles de madame d’Évereux : moi, je suis perdu aussi. Voilà tout ce que je suis capable de comprendre.

— Nous sommes trois ici qui l’avons tuée, reprit la duchesse avec le même sang-froid, au fond duquel, cependant, Raoul sentit peu à peu l’amertume d’une douleur profonde : moi, j’ai porté le coup, et je suis pourtant la moins coupable. J’ignorais tout ce qui la concerne, et mes relations avec vous, sans veille et sans lendemain, ne pouvaient pas constituer une infidélité de votre part, encore moins une trahison de la mienne. Votre engouement de quelques jours pour la Sofia est plus grave : vous l’avez aimée, elle nous l’a dit. Que ce soit avec les sens ou autrement, il vous a fallu faire un grand effort pour la quitter à Londres et pour ne pas la reprendre à Édimbourg. Je sais bien tout ce qui vous excuse et je le ferai valoir. Ni à Londres, ni à Edimbourg, vous ne comptiez chercher les aventures, et je pourrai dire à Constance, si Constance redevient capable d’entendre quelque chose, que vous étiez réellement occupé là et forcé d’y être par le soin de vos affaires. Les miennes, de votre propre aveu, ne vous ont pas pris une heure à Londres, et, quand vous êtes venue en Écosse m’en annoncer le succès, vous n’aviez pas l’intention de vous arrêter plus de dix minutes dans le château de lady***. Vous êtes entraînable, malgré votre grande volonté ; mais qui ne l’est pas ? Je ne suis pas de celles