Page:Sand - Constance Verrier.djvu/202

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’une voix à peine saisissable : — Oui , monsieur, je me sens bien.

Il était impossible de songer à la transporter chez elle. On l’installa dans le salon de la cantatrice, entre la cheminée toujours allumée et la statue de marbre blanc, qui, seule, debout au milieu de ce groupe affaibli et prosterné, avait l’air de méditer froidement sur les vicissitudes de la vie humaine.

Le lendemain soir, Constance était un peu mieux dans l’opinion du médecin. Mais sa situation était toujours fort alarmante. Tout le monde avait passé la nuit et la journée dans des craintes mortelles ou dans des émotions poignantes. La duchesse elle-même avait perdu toute sa philosophie. Elle se sentait navrée. Julie ne voulait pas quitter la malade d’une minute ; elle pleurait à briser le cœur de sa mère.

La pauvre enfant, faible elle-même, et incapable de supporter une longue fatigue, s’endormit sur le fauteuil où elle s’était obstinée à rester. On réussit à l’emporter dans la chambre de Sofia, où sa mère la suivit. La vieille mademoiselle Verrier avait conservé un calme effrayant ; assise auprès du lit que l’on avait dressé à la hâte pour Constance, elle la regardait et ne voyait rien qu’elle. Elle ne paraissait pas savoir où elle était et ne faisait aucune question sur la cause de son mal. Il semblait qu’en trouvant là Raoul, elle eût deviné tout ; car elle ne lui adressa pas une seule fois la parole, et même elle l’éloignait machinalement d’un geste glacial, lorsqu’il s’approchait de sa nièce.