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esprit avec la pénétration instinctive de la femme et de l’artiste. Constance ne s’était pas trompée non plus en regardant comme sacrée la promesse de son retour et la persistance de son affection. La prudente duchesse avait fait de pires folies que celle de se confier à lui dans un accès, de reconnaissance et dans un jour de coquetterie acharnée. Elle se fût peut-être abstenue de ce caprice si elle eût connu les liens qui unissaient les fiancés ; elle eût eu plus d’égards pour Constance qu’elle ne se croyait engagée à en avoir pour la Mozzelli ; mais il est certain qu’elle ne raillait pas intérieurement celui qui, pendant un jour, avait accepté son empire, et, en cela, elle dérogeait à ses habitudes.

La pauvre Mozzelli se sentit encore une fois dominée par la sincérité de Raoul. Elle pleura et n’eut plus ni colère ni menaces. Elle avait besoin de son estime encore plus que de son amour, et ceci est la plus grande conquête qu’un homme puisse faire.

Elle promit de partir au point du jour et de ne pas écrire à Constance.

— Dès lors, dit-elle à Raoul, rien ne vous force d’emmener Constance pour lui épargner des orages. Il n’y en aura pas autour de vous, et vous pouvez être heureux pendant que je traînerai au loin mon humiliation et ma misère. Gardez-lui notre secret, faites que la duchesse le garde aussi, et oubliez-moi !

— Garder votre secret, c’est-à-dire ne jamais vous nommer, oui, certes ! répondit Raoul ; mais tromper