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— Oui ! c’est mon silence que vous me demandez ? Vous ne craignez que moi ?

— Je ne crains personne, et, si vous n’avez pas de cœur, je ne vous demande rien. J’aurais voulu obtenir de vous du calme et de la discrétion pendant quelques jours, pendant vingt-quatre heures au moins. J’aurais emmené Constance, et, à sa première question sur ma fidélité, je lui aurais dit ce que vous allez me forcer de lui dire tout de suite avant qu’elle m’interroge ; à savoir, que je l’aime plus que tout au monde, et que je lui sacrifie sans retour les courtes passions qui, malgré moi, ont effleuré et quelquefois agité ma vie, sans jamais la traverser réellement et sans me détourner de mon but, qui est d’épouser Constance et de rendre indissoluble l’affection suprême que je lui porte.

— Oui, oui, je vois ! dit la Mozzelli anéantie ; vous étiez tout pour moi, et je n’ai été pour vous qu’un incident de voyage. Épris d’une seule femme, vous avez cédé au besoin des distractions. Ceci est l’histoire de tous les hommes, et Constance pourra aisément vous pardonner. Mais moi, je ne vous pardonnerai jamais de m’avoir laissé rêver le ciel dans votre bras. Il fallait me dire que vous me préfériez quelqu’un.

— Nous ne nous sommes pas fait cette question l’un à l’autre.

— Vous saviez que je n’aimais personne.

— Je vous jure que je ne m’en étais pas informé.

— Alors, vous êtes venu chez moi comme on va chez une courtisane !