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foi pour feindre d’en douter ; mais je me suis fait illusion sur la portée de nos liens et sur la durée de vos souvenirs. Vous m’aviez rendu fou. Il m’a fallu, pour vous quitter au bout de huit jours, une force de volonté extraordinaire. J’ai pourtant résolu de vous oublier, et jamais je n’ai fait à ma conscience un plus rude sacrifice.

— C’est pour cela que vous avez été voir la duchesse auprès d’Édimbourg, n’est-ce pas ? dit la Mozzelli pâle et les dents serrées.

— Si vous savez que j’ai été la voir, vous en savez aussi le motif. Elle m’avait confié…

— Oui, beaucoup d’argent à placer ou à retirer, quelque chose comme cela ! La duchesse est quelquefois très-reconnaissante !… Mais ne froncez pas le sourcil. Je sais qu’un homme d’honneur ne peut avouer une trahison sans compromettre la femme qui s’en est rendue complice. C’est commode ! Allez toujours, je vous écoute.

— Quand vos suppositions seraient fondées, reprit sévèrement Raoul Mahoult, je ne vous eusse point trahie, je vous avais dit adieu pour toujours.

— Et cependant vous m’avez reparlé de votre attachement, à Édimbourg !

— Et de ma résolution d’en guérir.

— Résolution que la duchesse a beaucoup secondée ?

— Je ne l’ai revue qu’ici, tout à l’heure, et je peux vous donner ma parole que je n’ai aucune espèce d’amour pour cette dame.