Page:Sand - Constance Verrier.djvu/18

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le but de ce préambule est d’expliquer, sans fiction romanesque, comment une liaison romanesque put se former en plein Paris, sans motif d’intérêt et sans occasion d’intrigue quelconque, entre trois personnes que leurs positions, leurs caractères et leurs habitudes ne devaient pas naturellement rapprocher. C’étaient trois femmes : une duchesse, une bourgeoise et une artiste.

La duchesse était madame d’Évereux, son petit nom était Sibylle.

La bourgeoise s’appelait Constance Verrier. Son père avait fait honorablement des affaires lucratives.

L’artiste, c’était la charmante Mozzelli, une cantatrice de second ordre sur le théâtre, mais qui prenait souvent la première place dans les salons, devant un auditoire éclairé.

Toutes trois étaient riches : la duchesse, par droit de naissance ; la bourgeoise, par le talent et l’habileté de son père ; la cantatrice, par son propre travail et son propre talent.

Toutes trois étaient libres : la duchesse, jeune veuve de trente-cinq ans ; la bourgeoise, vieille fille de vingt-cinq ; la cantatrice, sans mari connu et sans âge déclaré ; mais, à la voir entre les deux autres, plus animée que la duchesse et moins fraîche que Constance Verrier, on pouvait juger qu’elle tenait le milieu entre leurs âges par la trentaine.

Toutes trois étaient charmantes : madame d’Évereux, blonde, assez grande, un peu grasse et d’un