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tante Verrier, habituée à ses aises, désira vivement que l’offre de la duchesse fût acceptée. La vieille Cécile était flattée d’ailleurs de se voir l’objet des chatteries et des petits soins d’une grande dame, et celle-ci ne les lui épargnait pas. Constance croyait savoir désormais à quoi s’en tenir sur la bonne réputation de la belle Sibylle, mais elle savait aussi qu’il n’y avait aucun danger pour elle-même dans son intimité, et, malgré une certaine répugnance instinctive, désormais insurmontable, elle se laissa gagner par le désir de sa tante et par les grâces ingénues de la petite Julie d’Évereux, qui semblait implorer sa bienveillance et sa protection.

Ce n’est pas que la duchesse fût une mauvaise mère ; elle aimait sa fille autant qu’il lui était possible d’aimer. Elle l’entourait des soins les plus délicats, et avait pour son innocence un respect jaloux et scrupuleux. Elle n’était pas de celles qui déplorent l’âge des enfants qu’elles ont mis au monde, et peu lui importait que la taille élancée de son Agnès accusât son âge véritable. Elle se sentait toujours assez jeune, assez belle et assez séduisante pour ne pas trouver d’obstacles à ses triomphes, et, en général, elle n’était pas jalouse des autres femmes, sachant bien, se disait-elle intérieurement, que Scipion l’Africain a laissé peu de disciples, et que le genre d’attachement qu’elle demandait aux hommes ne se refuse jamais.

Si le tête-à-tête avec sa fille l’ennuyait un peu, ce n’était plus sa faute. Son esprit avait contracté l’habi-