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ans. Ce terme écoulé, nous avons compté par saisons la prolongation de l’absence, et j’ai réussi, voyant comme il en souffrait, à lui donner du courage plus que je n’en avais d’abord et autant que j’en ai maintenant. Ce courage fait partie aujourd’hui de la religion de notre amour, et puis, nous voyons enfin le terme approcher, sans illusion, cette fois ; et ce qui nous reste de volonté est à la hauteur de ce qui nous reste d’impatience à vaincre.

— Je parie bien que vous êtes plus courageuse que lui ! Les femmes sont seules capables de pareilles épreuves !

— Voilà où vous vous trompez. Un homme a plus de peine que nous à bien aimer. Il a, dit-on, plus de tentations faciles à satisfaire, et, à coup sûr, quand il est actif et intelligent, plus de devoirs absorbants et de préoccupations desséchantes. Mais quand, malgré tout cela, il aime comme je suis aimée, moi qui n’ai rien autre chose à faire, il a certainement plus de mérite que nous. De ce que l’amour a des nuances différentes dans les deux sexes, il ne résulte pas qu’il y ait deux amours différents. L’homme a l’initiative, comme je vous le disais, la spontanéité, l’ardeur. La femme, plus sédentaire et plus contemplative, vit par la pensée de l’amour autant que par l’amour même. Chacun d’eux a les facultés de la mission qui lui est dévolue. Le premier dit : aimons pour vivre, et l’autre répond : vivons pour aimer. Dieu est là pour les mettre d’accord, lui qui a décrété que la vie