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leuse, blanche comme lait, mais armée de griffes terribles sous ses doigts de velours ?

— Soyez plus indulgente, répondit mademoiselle Verrier ; elle a souffert avant d’en arriver là, et elle a écouté de mauvais conseils. Préservez-vous des siens, et aimez-la pour les bonnes qualités qu’elle a, d’ailleurs.

— Ah ! Constance ! vous avez la mansuétude des gens heureux, vous ! Je ne vous demande rien de votre vie. Je sens que ma curiosité serait une profanation ; mais donnez-moi une solution pour moi, telle que vous me connaissez à présent. Tracez-moi une règle de conduite, et je jure que je la suivrai.

Constance n’était pas en méfiance avec la Mozzelli comme avec la duchesse. Elle la sentait sincère et aimante. Malgré l’heure avancée, elle la garda encore quelque temps au coin du feu, lui parlant avec bonté et s’intéressant réellement à sa maladie morale.

— Je trouve, lui dit-elle, que vous n’êtes pas dans le vrai quand vous établissez une espèce de distinction entre l’âme de l’homme et celle de la femme. Voilà déjà plusieurs femmes que j’entends récriminer ainsi contre les hommes, en se disant d’une essence plus pure et plus exquise. J’ai entendu aussi des hommes s’attribuer naïvement une supériorité de race sur nous et nous reléguer au second rang dans les desseins de Dieu. Eh bien ! de part et d’autre, je vois là une impiété révoltante. Dans toutes les espèces de créatures, le mâle et la femelle ne sont ni plus ni moins favorisés