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qu’elles soient ; de ses émotions, si virginales qu’elles doivent être… Voyons, Constance, est-ce que vous allez décidément rester là comme une statue d’Isis ? Est-ce que vous ne détacherez pas une de vos bandelettes sacrées, ne fût-ce que pour en secouer le parfum dans notre atmosphère corrompue ?

— Non, madame, répondit Constance, cela ne vous intéresserait pas, mes secrets de pensionnaire. Je suis une vierge, moi, vous l’avez dit, et encore à l’état d’innocence où l’on ne distingue probablement pas le bien du mal. J’aime quelqu’un que j’épouserai quand les circonstances le permettront, voilà toute mon histoire, elle tient en deux mots comme vous voyez !

— Oh mais ! s’écria, la duchesse, ces deux mots-là dans votre bouche sont grands comme le monde ! N’est-ce pas, Sofia, que cela donne une curiosité extrême de savoir quel genre d’amour subit une âme si fière et si pure ? Constance, il faut nous raconter cela, ou bien je croirai que vous êtes justement de ces personnes prudentes que vous excommuniez et dont l’amour est si petit, si petit, qu’elles peuvent le cacher dans leur poche comme un billet doux. Je vous prends par vos propres paroles, j’espère ! et j’oserai ajouter que vous êtes si mystérieuse à cet endroit-là, qu’on pourrait bien vous juger dissimulée.

— On n’est pas dissimulée pour être mystérieuse, et je suis peut-être mystérieuse, en effet, répondit Constance. C’est mon droit ; je suis entièrement libre, et mon choix est très-convenable. Je n’aimerais pas à