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cher et grand Rousseau, nous ne croyons pas que le désir de s’éclairer soit, pour toute jeunesse, la pente qui conduise fatalement au mal. Il faut distinguer ce désir, sérieux chez une fille majeure, de la curiosité maladive d’une enfant. C’est pourquoi nous avons montré sans scrupule une vierge pure, arrivée à tout le développement de sa raison, ne reculant pas devant la connaissance des orages et des dangers de la vie, et trouvant là plus de forces pour s’en préserver. Une pareille situation n’est pas tellement exceptionnelle que nous ne soyons pas en droit de l’avoir prévue.

Du moment où l’on nous accordera ceci, nous ne voyons pas pourquoi les mères de famille se scandaliseraient du ton de franchise avec lequel ce livre a été écrit, et du sentiment de droiture qui l’a dicté. Nous savons qu’il traite sans détour des sujets les plus délicats de la vie des femmes : nous l’avons voulu ainsi, parce que la chasteté ne nous a jamais paru en sûreté sous les voiles du double sens. Selon nous, l’anatomie de la pensée doit être faite sans emblèmes gracieux et sans sourires maniérés. C’est dans les coquetteries de la parole que nous trouvons la véritable indécence. Voilà pourquoi, dans ce livre, nous avons touché sans crainte le vif de certaines situations, au risque de déplaire aux femmes qui pratiqueraient encore en secret la philosophie de l’amour au commencement du xvm e siècle. S’il en existe beaucoup, ce ne sont pas celles-là que nous espérons ramener à l’idéal de notre époque. L’utilité espérée de cet ouvrage consiste à