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qu’il n’y en a qu’une bonne : c’est celle qui chasse l’inconnu de son sanctuaire, et qui ne demande à la vie que ce qu’elle peut donner sans anomalie et sans cataclysmes.

— Quoi donc ? dit Constance attentive.

— Eh ! mon Dieu ! l’amour… je ne veux pas dire l’amour vrai, puisque les poètes du désespoir attachent à ce mot-là une idée superbe et fantastique, mais l’amour réel, toujours vieux et toujours jeune, riant, tranquille, point trompeur et point dupe, nullement despote, assez vif et assez naïf pour être un peu jaloux dans la possession, mais assez philosophe et assez éclairé pour se retirer sans vengeance d’une situation épuisée, et pour se rattacher à des liens nouveaux. Avec cet amour-là dans la pensée, une femme d’esprit et de cœur pourrait être fort heureuse, si elle savait s’entourer d’amis sûrs et choisis, jaloux de respecter la dignité de sa position, jaloux aussi d’obtenir sa préférence à un jour donné, mais trop peu romanesques, c’est-à-dire trop bien élevés pour la compromettre en s’égorgeant les uns les autres, quand elle les rappelle à l’amitié calme encadrée dans le charme du souvenir.

— Ce que vous nous dépeignez là, dit Constance d’un ton sévère, qu’elle s’efforçait en vain d’adoucir par un air de badinage, c’est l’amour philosophique, ce sont les mœurs de la régence !

— Il me semble aussi, à moi ! dit la cantatrice avec un mouvement d’orgueil : il y a de bien méchantes et de bien folles passions, je le sais ; je n’ai pas tou-