Page:Sand - Constance Verrier.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée

et des trop nombreuses consolations ; vous êtes vertueuse et vous le serez peut-être longtemps ; mais, puisque vous avez besoin, pour oublier vos ennuis actuels, de vous nourrir le cerveau d’aventures, lisez au moins des aventures arrivées, et non pas rêvées ou arrangées par vos écrivains à la mode. Connaissez le monde réel et le cœur humain tel qu’il est. Quand vous saurez que les plus belles et les plus nobles femmes de tous les temps ont été trompées ou délaissées pour des péronnelles, qu’elles en ont souffert comme vous en souffrez, mais qu’elles n’en sont pas plus mortes que vous n’en mourrez, et même qu’après s’être beaucoup consolées, — quelques-unes un peu trop ! — elles ont encore été trahies ; qu’elles s’y sont habituées, qu’elles ont fini par en rire et par jouer le même jeu par droit de représailles : enfin, quand le roman véritable, le roman de l’histoire vous montrera les reines, les princesses, toutes les héroïnes du vrai grand monde combattre bravement, tantôt avec prudence, tantôt à leurs risques et périls, pour conserver, à travers toutes les trahisons de l’amour, les seuls avantages sérieux de la femme, à savoir, la beauté, l’éclat de la position, les triomphes d’un juste orgueil et surtout la jeunesse le plus longtemps possible, vous réfléchirez, vous comparerez, vous choisirez votre modèle et vous vous ferez une philosophie.

« Je priai la marquise de résumer d’avance cette philosophie, dont elle avait sans doute fait usage pour son propre compte, et qui, énoncée clairement, serait