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ou tel auditoire. Ce qu’il y a de certain, c’est que le roman est une forme qui permet d’écrire alternativement pour tous, au gré de l’inspiration et dans la mesure d’une puissance donnée.

Si Rousseau écrivait aujourd’hui sa préface, dirait-il : Nulle fille prudente n’a jamais lu de romans sans consulter sa mère ?

Non : la prudence étant le fruit de l’expérience, n’en attendons pas de la part des jeunes filles pures. Si elles pouvaient se méfier de ce qu’il leur est prescrit d’ignorer, c’est qu’apparemment elles en auraient déjà quelque notion et que leur candeur ne serait déjà plus très-complète. C’est donc aux parents des jeunes filles que l’auteur aurait à s’adresser, pour leur dire : Ne mettez pas de romans dans les mains de la jeunesse avant de les avoir lus vous-mêmes, et faites, s’il se peut, que vos enfants aient assez de conscience pour ne vouloir jamais rien lire sans votre permission.

Car cène sont pas seulement les romans qui, en s’introduisant dans nos maisons et en traînant sur vos tables, menacent la candeur de vos filles. Il y a beaucoup d’autres livres plus anciens, plus sérieux et beaucoup plus explicites. Il y a la Bible d’abord, livre sublime qui n’a pas été composé pour les jeunes filles, ni même pour les jeunes garçons. Il y a les Pères de l’Église et presque tous les ouvrages de théologie. Il y a Platon et presque tous les philosophes, historiens et poètes de l’antiquité et des temps modernes. IL y a